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Risques psychosociaux (RPS) : comment agir en prévention ?

RPS : comment agir en prévention ? Démarche structurée, actions concrètes et pilotage durable pour prévenir efficacement les risques psychosociaux.

Actualisé le :
5/12/2025
BG
Risques psychosociaux (RPS) : comment agir en prévention ?

Une DRH constate que son entreprise fonctionne correctement : pas de crise majeure, un absentéisme stable, des équipes globalement engagées. Pourtant, elle sait que cette situation peut basculer rapidement. Une réorganisation mal gérée, un départ non compensé, des tensions non régulées : en quelques mois, les RPS peuvent s'installer.

Agir en prévention ne signifie pas attendre les premiers signaux d'alerte pour réagir. C'est construire une démarche structurée qui anticipe les risques, installe des pratiques protectrices, et maintient les conditions de travail soutenables dans la durée. Beaucoup d'entreprises confondent prévention et réparation, intervenant uniquement quand les problèmes sont déjà là.

La prévention efficace des RPS repose sur quatre piliers : comprendre les facteurs de risque, structurer une démarche méthodique, déployer des actions sur l'organisation du travail, et piloter dans le temps. Cet article explique comment construire cette prévention, étape par étape.

Comprendre les facteurs de risque pour mieux agir

Les six familles de risques selon l'INRS

L'INRS identifie six grandes familles de facteurs de risque psychosociaux. L'intensité et le temps de travail regroupent surcharge, rythme excessif, horaires atypiques, interruptions permanentes. Les exigences émotionnelles concernent le contact avec des situations difficiles, l'obligation de masquer ses émotions, la confrontation à la souffrance.

Le manque d'autonomie touche les marges de manœuvre réduites, l'impossibilité de participer aux décisions, la sous-utilisation des compétences. Les rapports sociaux dégradés incluent conflits, absence de soutien, manque de reconnaissance, isolement. Les conflits de valeurs apparaissent quand le travail demandé contredit les principes du salarié. L'insécurité de la situation de travail concerne restructurations, précarité, changements non maîtrisés.

Comprendre cette grille permet de structurer votre action : plutôt que de lutter contre un "stress" vague, vous ciblez des facteurs précis avec des leviers adaptés.

Identifier vos facteurs de risque dominants

Toutes les entreprises ne vivent pas les mêmes RPS. Une PME industrielle confronte ses équipes à des cadences élevées et du travail posté. Une ETI de services cumule charge cognitive importante et exigences relationnelles. Un cabinet de conseil expose ses consultants à des déplacements fréquents et une forte pression sur les délais.

Identifiez les facteurs dominants dans votre organisation : baromètre RPS, analyse des indicateurs RH, entretiens avec les équipes, remontées de la médecine du travail. Cette photographie oriente vos priorités d'action. Inutile de déployer une formation sur la gestion du public si votre problème principal est la surcharge interne.

Cette analyse révèle également les populations les plus exposées. Les managers cumulent souvent plusieurs facteurs : charge élevée, exigences émotionnelles, position d'interface génératrice de tensions. Les cibler en priorité protège à la fois leur santé et celle de leurs équipes.

Structurer une démarche de prévention méthodique

Obtenir l'engagement de la direction

Aucune démarche de prévention ne fonctionne sans engagement clair de la direction. Les RPS ne se règlent pas uniquement par des actions RH : ils exigent des décisions stratégiques sur les moyens, l'organisation, les priorités. Sans portage au plus haut niveau, les actions restent superficielles.

Présentez les enjeux en termes compréhensibles pour la direction : impacts sur la performance, coûts de l'absentéisme et du turnover, risques juridiques et réputationnels. Montrez que la prévention des RPS constitue un investissement rentable, pas uniquement une obligation sociale. Selon l'ANACT, les entreprises engagées dans la prévention constatent des gains mesurables sur la productivité et la qualité.

Formalisez cet engagement : annonce en comité de direction, communication auprès des équipes, allocation de budget et de temps pour la démarche. Cette visibilité légitime l'action et mobilise les acteurs.

Impliquer les représentants du personnel

Le CSE constitue un partenaire essentiel de la prévention. Les élus remontent des signaux du terrain, représentent le point de vue des salariés, questionnent les choix de l'entreprise. Ce dialogue, structuré et régulier, enrichit considérablement la démarche.

Consultez le CSE dès le lancement de la démarche : présentation du diagnostic, échanges sur les priorités, co-construction du plan d'action. Cette implication précoce renforce l'adhésion et facilite les consultations réglementaires ultérieures (DUERP, PAPRIPACT).

Organisez des points réguliers sur l'avancement : bilan des actions déployées, évolution des indicateurs, ajustements nécessaires. Cette transparence transforme le CSE d'observateur critique en acteur de la prévention.

Mobiliser les managers de proximité

Les managers portent une grande partie de la prévention au quotidien. Ce sont eux qui régulent la charge, détectent les signaux faibles, organisent l'entraide, reconnaissent le travail. Sans leur engagement, les plus beaux plans d'action restent lettre morte.

Associez-les dès l'analyse : ils connaissent les réalités de terrain mieux que quiconque. Formez-les aux pratiques préventives : régulation de charge, conduite d'entretiens, gestion des tensions. Donnez-leur les moyens d'agir : autonomie pour arbitrer, soutien de la hiérarchie, accès facilité à la DRH.

Cette mobilisation suppose également de protéger les managers eux-mêmes. Un manager surchargé ne peut prévenir les RPS de son équipe. Veillez à ce qu'ils disposent du temps nécessaire pour manager, pas uniquement pour produire.

Déployer des actions de prévention concrètes

Agir sur la charge et l'organisation du travail

La surcharge reste le premier facteur de RPS. La prévenir suppose d'abord de la mesurer : qui porte quelle charge, avec quels moyens, dans quels délais. Cette objectivation permet d'agir sur des bases solides.

Plusieurs leviers existent. Dimensionner correctement les équipes en anticipant l'activité réelle. Supprimer les tâches inutiles qui ne créent pas de valeur (reportings redondants, réunions improductives, validations multiples). Clarifier les priorités pour que les collaborateurs sachent sur quoi concentrer leur énergie. Revoir les process trop complexes qui alourdissent le travail.

Cette régulation passe également par les managers : formez-les à dire non quand une demande supplémentaire met leur équipe en danger, à arbitrer entre plusieurs urgences, à protéger leurs collaborateurs des sollicitations permanentes. Selon le Code du travail, l'employeur doit adapter le travail à l'homme, pas l'inverse.

Renforcer l'autonomie et la participation

Le manque d'autonomie génère frustration et désengagement. Des collaborateurs sur-contrôlés, qui ne peuvent décider de rien, qui doivent demander l'autorisation pour chaque détail : ces situations étouffent les compétences et dégradent la santé.

Donnez de l'autonomie en définissant un cadre clair (objectifs, contraintes, moyens), puis en laissant les collaborateurs choisir comment atteindre ces objectifs. Cette liberté de mise en œuvre valorise l'expertise, responsabilise, renforce le sentiment d'efficacité.

Favorisez la participation aux décisions qui concernent le travail des équipes : nouveaux process, changements d'outils, réorganisations. Cette consultation évite de créer des contraintes inadaptées et renforce l'adhésion. Les salariés qui participent aux décisions les acceptent mieux et les appliquent plus efficacement.

Améliorer la qualité des relations

Les tensions relationnelles, l'isolement, le manque de soutien dégradent profondément la santé au travail. La prévention passe par plusieurs leviers : formation des managers au management bienveillant, espaces de discussion collectifs, médiation rapide en cas de conflit naissant.

Structurez également le soutien entre pairs. Organisez des temps d'échange, facilitez le tutorat des nouveaux arrivants, créez des communautés de pratique. Ces dispositifs évitent l'isolement et permettent aux collaborateurs de s'appuyer mutuellement.

La reconnaissance constitue un facteur protecteur majeur. Elle ne se limite pas aux augmentations : feedbacks réguliers sur le travail accompli, valorisation des contributions, écoute réelle des propositions, association aux décisions. Formez vos managers à reconnaître le travail au quotidien, pas uniquement lors de l'entretien annuel.

Former aux compétences préventives

Certaines compétences protègent contre les RPS : capacité à prioriser, à gérer son temps, à solliciter de l'aide, à poser des limites. Ces compétences ne sont pas innées, elles se développent.

Proposez des formations ciblées : gestion de la charge pour les collaborateurs souvent débordés, gestion des situations difficiles pour ceux en contact avec le public, conduite de projet pour ceux qui pilotent des équipes transverses. Ces formations développent les ressources individuelles.

Attention : ces formations relèvent de la prévention secondaire. Elles complètent la prévention primaire (actions sur l'organisation), elles ne la remplacent jamais. Former des collaborateurs à gérer leur stress sans réduire la surcharge structurelle reste inefficace.

Piloter la prévention dans la durée

Mesurer régulièrement l'évolution

La prévention se pilote dans le temps. Un baromètre RPS annuel ou semestriel mesure l'évolution des six facteurs de risque, vérifie l'efficacité des actions déployées, détecte l'apparition de nouveaux risques.

Cette mesure régulière transforme la prévention d'un projet ponctuel en pilotage continu. Vous identifiez ce qui fonctionne et le renforcez, vous corrigez ce qui reste inefficace, vous ajustez vos priorités selon les évolutions de l'organisation.

Complétez par le suivi des indicateurs RH : absentéisme, turnover, accidents du travail. Ces données quantitatives confirment ou nuancent les résultats du baromètre. Elles permettent également de calculer le retour sur investissement de la prévention.

Actualiser le plan d'action

Un plan d'action se construit pour un à deux ans, mais il s'ajuste en continu. Organisez un point trimestriel : actions réalisées, actions en cours, actions à décaler, obstacles rencontrés, nouvelles priorités identifiées.

Cette revue régulière permet de réagir rapidement. Une action impossible à réaliser ? Trouvez une alternative. Une action déployée qui ne produit pas l'effet attendu ? Analysez pourquoi et corrigez. Un nouveau risque apparu ? Intégrez-le au plan.

Cette agilité évite la rigidité. Vous ne suivez pas aveuglément un plan construit il y a dix-huit mois, vous pilotez activement selon la réalité du moment. Le plan devient un outil vivant, pas un document figé.

Maintenir la mobilisation

La prévention des RPS fatigue souvent les acteurs : managers sollicités en permanence, élus du CSE qui suivent de multiples dossiers, équipes RH déjà surchargées. Cette lassitude peut compromettre la démarche.

Entretenez la mobilisation par des victoires visibles. Communiquez régulièrement sur les actions réalisées, sur les résultats obtenus, sur les témoignages positifs des équipes. Ces retours valorisent l'investissement de chacun et maintiennent la dynamique.

Reconnaissez également l'engagement des acteurs clés : managers qui ont transformé leurs pratiques, élus qui ont contribué au diagnostic, collaborateurs qui ont participé aux groupes de travail. Cette reconnaissance nourrit l'envie de poursuivre.

Ancrer une culture de prévention

L'objectif final : que la prévention des RPS devienne un réflexe organisationnel, pas un projet piloté par la DRH. Que chaque décision interroge l'impact sur les conditions de travail. Que chaque manager intègre naturellement la régulation dans ses pratiques. Que chaque collaborateur puisse exprimer ses difficultés sans crainte.

Cette culture se construit progressivement : par la formation continue, par la valorisation des bonnes pratiques, par l'exemplarité de la direction, par la cohérence entre discours et actes. Elle transforme la prévention d'une contrainte en valeur partagée.

Selon le Ministère du Travail, les entreprises qui ancrent cette culture préventive obtiennent des résultats durables, y compris lors de périodes difficiles. La prévention devient alors un atout stratégique, pas uniquement une obligation légale.

Moha structure la prévention des RPS

Agir en prévention suppose une démarche méthodique, des outils de mesure fiables, un pilotage dans le temps. Moha accompagne cette démarche complète grâce à une plateforme pensée pour les PME et ETI.

Les baromètres RPS permettent de mesurer régulièrement les six facteurs de risque et de suivre l'impact des actions. Le DUERP et le PAPRIPACT se construisent directement dans l'outil, structurant le plan de prévention. Les formations pour managers et équipes développent les compétences préventives à tous les niveaux.

Le Moha 360° analyse finement les dynamiques organisationnelles en croisant santé-travail, engagement et climat social. L'accompagnement psychologique accessible rapidement complète les actions préventives. Le diagnostic santé-travail offert établit un état des lieux initial, identifie les facteurs de risque, et structure un plan de prévention complet. L'approche reste simple, claire, opérationnelle.

Conclusion

Agir en prévention des risques psychosociaux ne se résume pas à lancer quelques formations ou à proposer un numéro d'écoute. Cela suppose une démarche structurée : comprendre les facteurs de risque spécifiques à votre organisation, mobiliser les acteurs clés, déployer des actions concrètes sur l'organisation du travail, et piloter dans la durée.

Cette prévention transforme une obligation légale en levier de performance collective. Les équipes travaillent dans de meilleures conditions, l'absentéisme diminue, les compétences se conservent, les résultats suivent. La prévention des RPS constitue un investissement stratégique, pas un coût.

Un pilotage clair de la santé-travail réduit durablement les risques, améliore la performance et renforce la cohésion des équipes. Cela commence par une démarche préventive structurée, ancrée dans les pratiques quotidiennes.

Le diagnostic santé-travail offert par Moha constitue une première étape concrète pour structurer la prévention des RPS dans votre organisation.

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