RPS

Qu’est-ce que les risques psychosociaux (RPS) au travail ?

Qu'est-ce que les RPS au travail ? Définition claire, manifestations concrètes et leviers de prévention pour protéger vos équipes et piloter la santé-travail.

Actualisé le :
5/12/2025
BG
Qu’est-ce que les risques psychosociaux (RPS) au travail ?

Un DRH reçoit un appel d'un manager inquiet : depuis quelques semaines, trois collaborateurs de son équipe sont en arrêt maladie, les tensions montent, la qualité du travail baisse. Faut-il recruter ? Former ? Réorganiser ? Difficile de savoir par où commencer quand on ne comprend pas réellement ce qui se joue.

Les risques psychosociaux restent une notion abstraite pour beaucoup d'entreprises. Le terme est utilisé partout — dans les obligations légales, les rapports du CSE, les recommandations de la médecine du travail — mais rarement défini clairement. Résultat : les organisations confondent stress et RPS, attendent qu'une situation devienne critique pour réagir, ou multiplient des actions déconnectées des vrais enjeux.

Cet article explique précisément ce que sont les risques psychosociaux, d'où ils viennent, comment ils se manifestent, et pourquoi leur prévention passe d'abord par une compréhension fine de l'organisation du travail.

RPS : une définition précise selon l'INRS

Six familles de risques identifiées

L'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) définit les risques psychosociaux comme des situations de travail susceptibles de porter atteinte à l'intégrité physique et mentale des salariés. Ces risques se regroupent en six grandes familles.

L'intensité et le temps de travail regroupent la surcharge, les horaires décalés, les interruptions permanentes, la pression temporelle. Les exigences émotionnelles concernent le contact avec le public, la gestion de situations difficiles, l'obligation de cacher ses émotions. Le manque d'autonomie touche les marges de manœuvre réduites, l'absence de participation aux décisions. Les rapports sociaux dégradés incluent les conflits, l'isolement, le manque de reconnaissance, les violences. Les conflits de valeurs apparaissent quand le travail demandé entre en contradiction avec les principes du salarié. L'insécurité de la situation de travail concerne les restructurations, la précarité, les changements non maîtrisés.

Une origine organisationnelle, pas individuelle

Les RPS ne relèvent pas de la fragilité personnelle des collaborateurs. Ils résultent de conditions de travail inadaptées. Un salarié performant et stable peut développer des troubles si son environnement de travail devient toxique : objectifs contradictoires, absence de régulation, charge excessive sans moyens adaptés, management défaillant.

Cette distinction est essentielle. Elle déplace la responsabilité de l'individu vers l'organisation. Ce n'est pas la personne qui doit "mieux gérer son stress", c'est l'entreprise qui doit corriger les dysfonctionnements de son organisation du travail. Cette lecture correspond d'ailleurs aux exigences légales : le Code du travail impose à l'employeur d'évaluer et de prévenir tous les risques professionnels, y compris psychosociaux.

La différence entre stress et RPS

Le stress n'est qu'une des manifestations possibles des RPS. Il apparaît quand un déséquilibre se crée entre les exigences du travail et les ressources disponibles pour y répondre. Mais les RPS englobent bien plus : harcèlement, violence, épuisement, perte de sens, isolement, souffrance éthique.

Réduire les RPS au stress conduit à des erreurs stratégiques. Une entreprise qui propose uniquement des formations à la gestion du stress traite un symptôme, pas les causes. Si la charge reste excessive, si les moyens manquent, si les relations sont dégradées, le stress reviendra. La prévention efficace passe par l'analyse des facteurs organisationnels et leur correction.

Les principales manifestations des RPS

Le stress chronique

Le stress devient problématique quand il s'installe dans la durée. Un salarié qui enchaîne les semaines à haute pression, sans récupération, sans régulation, développe un stress chronique. Les premiers signes : irritabilité, troubles du sommeil, difficulté à décrocher, fatigue persistante.

Dans une PME en croissance rapide, un comptable peut gérer seul des missions normalement réparties sur deux postes. Pendant quelques mois, il compense par son engagement. Mais sans ajustement de charge ni recrutement, son organisme finit par lâcher : arrêt maladie, perte de motivation, départ.

L'épuisement professionnel

L'épuisement professionnel, ou burnout, se caractérise par trois dimensions : épuisement émotionnel intense, attitude cynique envers le travail, sentiment d'inefficacité personnelle. Il touche particulièrement les salariés très investis, confrontés à des exigences trop élevées sans reconnaissance ni soutien.

Un manager qui enchaîne les réorganisations, gère les tensions de ses équipes, compense les départs non remplacés, peut tenir plusieurs années avant de s'effondrer. Les signaux faibles — désengagement progressif, erreurs inhabituelles, absentéisme croissant — passent inaperçus jusqu'à l'arrêt brutal.

Les violences internes et externes

Les situations de harcèlement moral ou sexuel constituent des RPS graves. Le harcèlement moral se manifeste par des agissements répétés visant à dégrader les conditions de travail, portant atteinte à la dignité ou à la santé du salarié. Le harcèlement sexuel regroupe propos ou comportements à connotation sexuelle imposés de manière répétée.

Les violences externes touchent les collaborateurs en contact avec le public : agressions verbales, menaces, violences physiques. Un guichetier d'agence bancaire, un conducteur de transport, un soignant peuvent subir quotidiennement des incivilités qui, cumulées, génèrent un climat de travail insupportable.

Les conflits de valeurs

Certains salariés vivent une contradiction entre ce qu'on leur demande de faire et leurs valeurs professionnelles ou personnelles. Un commercial contraint de vendre des produits inadaptés aux besoins réels des clients. Un responsable qualité qui doit valider des livrables qu'il sait défaillants. Un manager sommé d'appliquer des décisions qu'il juge injustes.

Ces situations génèrent une souffrance éthique profonde. Le salarié perd le sens de son travail, se sent instrumentalisé, développe un sentiment de culpabilité. À terme, il désinvestit ou quitte l'entreprise, emportant avec lui son expertise et son expérience.

Les signaux faibles à surveiller

Au niveau individuel

Certains comportements annoncent une dégradation. Un collaborateur habituellement ponctuel arrive en retard. Un salarié enjoué devient mutique. Les absences pour maladie se multiplient. La qualité du travail baisse sans raison apparente. Les erreurs inhabituelles se répètent.

L'isolement constitue également un signal : un salarié qui ne participe plus aux pauses, évite les réunions, ne répond plus aux sollicitations. Ou à l'inverse, une sur-activité inquiétante : quelqu'un qui ne prend plus de pause, répond aux mails la nuit, refuse systématiquement ses congés.

Au niveau collectif

Les tensions au sein d'une équipe signalent souvent un problème organisationnel sous-jacent. Les conflits se multiplient, les échanges deviennent tendus, les silos se renforcent. Les réunions tournent au règlement de compte ou restent stériles. L'entraide disparaît, chacun se replie sur son périmètre.

L'absentéisme et la rotation augmentent brutalement dans un service, sans que les autres soient touchés. Les délais ne sont plus tenus. Les clients se plaignent. Les indicateurs de performance décrochent. Ces dysfonctionnements visibles masquent souvent des RPS non traités.

Les erreurs d'interprétation fréquentes

Face à ces signaux, beaucoup d'organisations se trompent de diagnostic. Elles attribuent les difficultés à la personnalité des salariés : "Il est fragile", "Elle ne supporte pas la pression", "Ils manquent de professionnalisme". Cette lecture individualise un problème collectif.

D'autres minimisent : "C'est une période difficile, ça va passer", "On a toujours fonctionné comme ça". Mais les RPS ne se résorbent pas spontanément. Sans action sur les causes, ils s'aggravent, contaminent d'autres équipes, génèrent des coûts croissants.

Ce que dit la réglementation

L'obligation générale de sécurité

Le Code du travail impose à l'employeur de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs (article L4121-1). Cette obligation inclut explicitement la prévention des risques psychosociaux.

L'employeur doit évaluer tous les risques, y compris psychosociaux, les consigner dans le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), et mettre en œuvre des actions de prévention adaptées. Cette obligation est de résultat : l'employeur ne peut se contenter de bonnes intentions, il doit obtenir des résultats concrets.

Le DUERP et le PAPRIPACT

Le DUERP doit recenser l'ensemble des risques professionnels, incluant les RPS. Pour chaque risque identifié, l'employeur évalue la gravité, la fréquence, et définit les mesures de prévention à déployer. Le document se met à jour au minimum chaque année, et après tout événement significatif.

Depuis 2022, les entreprises de plus de 50 salariés doivent établir un PAPRIPACT (Plan Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d'Amélioration des Conditions de Travail). Ce plan intègre obligatoirement un volet santé-travail, incluant les actions de prévention des RPS. Il fait l'objet d'une consultation du CSE.

Les risques juridiques en cas d'inaction

L'absence de prévention expose l'employeur à des sanctions. Un salarié victime de RPS peut invoquer un manquement à l'obligation de sécurité. Les conséquences : prise en charge en maladie professionnelle, indemnisation pour préjudice, résiliation judiciaire du contrat aux torts de l'employeur.

En cas de harcèlement avéré, les sanctions sont pénales : jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende pour le harceleur, responsabilité de l'employeur engagée s'il n'a pas pris les mesures préventives nécessaires. Au-delà du juridique, la réputation de l'entreprise se dégrade durablement.

Les leviers de prévention efficaces

Mesurer avant d'agir

La première étape consiste à objectiver la situation. Un baromètre RPS, déployé auprès de l'ensemble des collaborateurs ou d'équipes ciblées, permet d'identifier les facteurs de risque dominants, les services les plus exposés, les écarts entre populations.

Cette mesure évite de partir d'intuitions ou de cas isolés. Elle donne une photographie fiable, partagée avec les représentants du personnel, qui sert de base au dialogue social et à la construction du plan d'action. L'ANACT recommande de croiser données quantitatives (questionnaires anonymes) et qualitatives (entretiens, groupes de travail).

Agir sur l'organisation du travail

La prévention primaire cible les causes organisationnelles. Il s'agit de modifier les conditions de travail pour réduire ou supprimer les facteurs de risque. Exemples concrets : réduire la charge quand elle est excessive, clarifier les rôles et responsabilités, donner de l'autonomie dans la réalisation des tâches, revoir les objectifs quand ils sont inatteignables.

Ces actions structurelles ont plus d'impact que les dispositifs d'accompagnement individuel. Proposer un numéro d'écoute psychologique sans corriger une charge de travail insoutenable ne résout rien. En revanche, recruter pour absorber la charge, puis accompagner les salariés fragilisés, constitue une approche cohérente.

Former les managers à la régulation

Les managers de proximité jouent un rôle central. Ce sont eux qui détectent les signaux faibles, régulent la charge, organisent l'entraide, reconnaissent le travail accompli. Pourtant, ils ne sont pas toujours formés à ces dimensions.

Une formation efficace porte sur la conduite d'entretiens individuels de qualité, la détection des situations à risque, la gestion des tensions collectives, la capacité à dire non quand une demande met l'équipe en danger. Elle s'accompagne d'un soutien RH accessible, pour que les managers ne restent pas seuls face aux situations complexes.

Structurer un plan d'action dans le temps

Un plan d'action santé-travail efficace hiérarchise les priorités, fixe des objectifs mesurables, désigne des responsables, définit des échéances. Il ne s'agit pas d'un catalogue d'intentions, mais d'une feuille de route concrète, suivie, ajustée.

Chaque action fait l'objet d'une évaluation : a-t-elle réduit le facteur de risque visé ? Les indicateurs se sont-ils améliorés ? Les collaborateurs constatent-ils un changement ? Ce pilotage continu permet de corriger rapidement les actions inefficaces et de capitaliser sur celles qui fonctionnent.

Comment Moha accompagne la prévention des RPS

Prévenir les risques psychosociaux exige de mesurer régulièrement, de structurer les actions, de piloter dans le temps. Moha centralise ces dimensions dans une plateforme pensée pour les PME et ETI.

Les baromètres RPS permettent de sonder les équipes sur les six facteurs de risque identifiés par l'INRS : intensité du travail, exigences émotionnelles, autonomie, relations, valeurs, insécurité. Les résultats, anonymisés et segmentés, identifient les priorités. Le DUERP et le PAPRIPACT se mettent à jour directement dans l'outil, assurant traçabilité et conformité.

Moha propose également un accompagnement psychologique pour les collaborateurs en difficulté, des formations pour managers et référents, et le Moha 360°, une analyse complète croisant santé-travail, engagement et climat social. L'approche reste simple, claire, opérationnelle : mesurer pour comprendre, prioriser pour agir.

Le diagnostic santé-travail offert permet d'établir un état des lieux initial, sans engagement, et d'identifier les leviers prioritaires.

Conclusion

Les risques psychosociaux ne se résument pas au stress. Ils regroupent un ensemble de situations de travail — surcharge, tensions relationnelles, manque d'autonomie, conflits de valeurs — qui dégradent la santé des collaborateurs et la performance collective. Leur prévention ne passe pas par des actions cosmétiques, mais par une transformation des conditions de travail.

Comprendre ce que sont réellement les RPS constitue la première étape. Mesurer leur présence dans l'organisation, identifier les facteurs dominants, agir sur les causes organisationnelles, former les managers : ces leviers structurent une prévention durable.

Un pilotage clair de la santé-travail réduit durablement les risques, améliore la performance et renforce la cohésion des équipes. Cela commence par un diagnostic externe, fiable, qui pose les bases d'un plan d'action réaliste.

Le diagnostic santé-travail offert par Moha constitue une première étape concrète pour identifier les priorités et structurer une prévention efficace.

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