11/12/2025
Quels sont les 12 facteurs de risques psychosociaux (RPS) au travail ?
Les 12 facteurs de RPS au travail : grille opérationnelle pour analyser finement les risques psychosociaux et structurer des actions ciblées.
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Une responsable RH ouvre le Document Unique de son entreprise. À la rubrique RPS, elle trouve une phrase générique : "Risque de stress possible dans certaines situations". Aucune analyse concrète, aucun service identifié, aucune action prévue. En cas de contrôle de l'inspection du travail, ce DUERP ne passerait pas.
Beaucoup d'entreprises peinent à intégrer les RPS dans leur Document Unique. Certaines ignorent cette obligation. D'autres ne savent pas comment procéder : quels facteurs de risque mentionner, comment les évaluer, sur quelle base construire l'analyse. Le résultat : des DUERP incomplets qui n'assurent ni la conformité réglementaire ni une prévention efficace.
Intégrer les RPS dans le Document Unique ne relève pas d'un exercice administratif. C'est structurer une démarche de prévention claire, traçable, qui permet de piloter la santé au travail dans la durée. Cet article explique simplement comment procéder, étape par étape.
Le Code du travail impose à tout employeur d'évaluer tous les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs, et de consigner cette évaluation dans un Document Unique (article R4121-1). Les risques psychosociaux font partie intégralement de cette obligation.
Depuis 2016, plusieurs décisions de justice ont condamné des employeurs pour manquement à l'obligation d'évaluation des RPS. L'absence de mention des RPS dans le DUERP peut engager la responsabilité civile et pénale de l'employeur. En cas d'accident du travail ou de maladie professionnelle liés aux RPS, un DUERP incomplet fragilise considérablement la position de l'entreprise.
Au-delà de la conformité, le DUERP constitue l'outil central de pilotage de la prévention. Il liste les risques identifiés, évalue leur gravité, désigne les populations exposées, fixe les mesures de prévention à déployer. Pour les RPS comme pour les autres risques, il structure la démarche.
Un DUERP bien construit permet de prioriser les actions, d'allouer les ressources aux zones les plus critiques, de suivre l'efficacité des mesures déployées. Il devient la base du dialogue avec le CSE, la médecine du travail, l'inspection du travail. Il transforme une obligation administrative en outil de management.
Avant de remplir le DUERP, posez clairement ce que votre entreprise entend par risques psychosociaux. La référence la plus solide reste la grille de l'INRS qui identifie six facteurs de risque : intensité et temps de travail, exigences émotionnelles, manque d'autonomie, rapports sociaux dégradés, conflits de valeurs, insécurité de la situation de travail.
Cette définition peut être adaptée au contexte de votre entreprise, mais elle doit rester cohérente avec les référentiels institutionnels. Documentez-la en début de DUERP, dans une section "définitions" ou "méthodologie". Cela évite les contestations ultérieures sur le périmètre analysé.
Le DUERP s'organise par unités de travail : services, équipes, métiers, sites. Pour les RPS, cette segmentation reste essentielle car les facteurs de risque varient considérablement d'une population à l'autre. Les commerciaux ne vivent pas les mêmes contraintes que les comptables ou les opérateurs de production.
Listez toutes les unités de travail de votre organisation. Pour chacune, vous analyserez ensuite les facteurs de risque spécifiques. Cette approche granulaire permet de cibler les actions là où elles sont nécessaires, plutôt que de déployer des mesures génériques inefficaces.
Avant de lancer une analyse approfondie, exploitez les données RH déjà disponibles. Absentéisme par service, turnover par équipe, arrêts maladie, accidents du travail, visites à la médecine du travail, demandes de mobilité interne : ces indicateurs révèlent souvent les zones de tension.
Complétez avec les remontées qualitatives : comptes-rendus de CSE, alertes de la médecine du travail, signalements managériaux, retours d'entretiens annuels. Ces informations dessinent une première cartographie des risques, même approximative, qui oriente l'évaluation détaillée.
Pour chaque unité de travail, examinez systématiquement les six facteurs de risque. Sont-ils présents ? À quel niveau ? Quelques questions simples permettent cette analyse.
Intensité du travail : la charge est-elle soutenable, les délais réalistes, les interruptions gérables ? Exigences émotionnelles : les collaborateurs sont-ils confrontés à des situations difficiles, doivent-ils masquer leurs émotions ? Autonomie : ont-ils des marges de manœuvre, peuvent-ils participer aux décisions ? Relations : y a-t-il du soutien, de la reconnaissance, ou des tensions ? Valeurs : le travail demandé entre-t-il en conflit avec leurs principes ? Insécurité : la situation est-elle stable ou incertaine ?
Cette analyse peut s'appuyer sur un baromètre RPS, sur des entretiens avec les équipes, sur des observations de terrain, ou sur les remontées des managers. L'essentiel : qu'elle repose sur des faits objectivables, pas uniquement sur des impressions.
Pour chaque facteur de risque identifié, évaluez deux dimensions : la gravité des conséquences possibles et la fréquence d'exposition. Cette évaluation peut suivre une échelle simple.
Gravité : faible (inconfort temporaire), moyenne (fatigue durable, tensions), élevée (arrêt maladie, épuisement), très élevée (burnout, harcèlement). Fréquence : rare (quelques situations par an), occasionnelle (quelques fois par mois), régulière (plusieurs fois par semaine), permanente (quotidienne).
Le croisement gravité/fréquence permet de prioriser. Un risque grave et fréquent exige une action immédiate. Un risque faible et rare reste sous surveillance. Cette hiérarchisation structure l'allocation des ressources et la construction du plan d'action.
Précisez combien de personnes sont concernées par chaque risque identifié. Un service de 5 personnes en surcharge permanente nécessite une réponse rapide. Une tension relationnelle entre deux collaborateurs d'une équipe de 30 demande une médiation ciblée.
Cette quantification évite les généralités. Elle permet de mesurer l'impact réel de chaque risque et de vérifier ultérieurement si les actions déployées ont effectivement réduit le nombre de personnes exposées. Elle structure également la communication : les élus du CSE comprennent mieux l'ampleur des situations décrites.
La rubrique RPS du DUERP doit être lisible par tous : direction, managers, CSE, médecine du travail, inspection du travail. Adoptez une structure simple et répétitive pour chaque unité de travail analysée.
Exemple de présentation : nom de l'unité de travail, effectif concerné, facteurs de risque identifiés (avec description concrète), évaluation gravité/fréquence, nombre de personnes exposées, mesures de prévention existantes, mesures de prévention à déployer, échéance et responsable.
Cette standardisation facilite la lecture, permet de comparer les situations entre services, assure qu'aucune information essentielle n'est oubliée. Elle transforme le DUERP en outil exploitable, pas en catalogue illisible.
Évitez les formulations vagues : "risque de stress", "tensions possibles", "charge importante". Préférez des descriptions précises : "surcharge identifiée dans le service logistique : 15 collaborateurs traitent 40 % de demandes en plus qu'il y a un an, sans recrutement compensatoire, générant des horaires régulièrement supérieurs à 10h par jour".
Cette précision facilite l'action. Un manager qui lit "surcharge dans son service" ne sait pas quoi faire. S'il lit "surcharge liée à l'augmentation d'activité non compensée par des moyens", il comprend que la solution passe par un recrutement, une réorganisation, ou une priorisation des tâches.
Les exemples concrets renforcent également la crédibilité du DUERP. Ils démontrent que l'analyse repose sur une connaissance réelle des situations de travail, pas sur des hypothèses théoriques.
Pour chaque risque identifié, le DUERP précise les mesures de prévention. Distinguez celles déjà en place (qui réduisent partiellement le risque) et celles à déployer (qui visent à le supprimer ou le réduire davantage).
Exemple : risque identifié : "surcharge dans le service comptable (8 personnes), gravité élevée, fréquence permanente". Mesures existantes : "formation aux nouveaux outils de gestion pour gagner en efficacité". Mesures à déployer : "recrutement d'un comptable supplémentaire d'ici septembre 2025 (responsable : DRH), suppression des reportings hebdomadaires redondants d'ici avril 2025 (responsable : DAF)".
Ce lien direct entre risque et action structure le pilotage. Chaque risque trouve une réponse. Chaque action est tracée, datée, assignée. Le DUERP devient une feuille de route, pas un constat figé.
Le Code du travail impose une mise à jour du DUERP au minimum une fois par an, et après tout événement significatif : accident grave, réorganisation, changement de process, signalement de RPS. Cette actualisation garantit que le document reflète la situation réelle.
Pour les RPS, la mise à jour annuelle s'appuie idéalement sur un nouveau baromètre. Les résultats actualisés permettent de vérifier si les risques précédemment identifiés ont diminué, si de nouveaux risques sont apparus, si les actions déployées ont été efficaces.
Les événements significatifs incluent également : départ ou arrivée d'un manager clé, modification importante de la charge, conflit déclaré dans une équipe, arrêt longue durée pour RPS, alerte de la médecine du travail. Chacun justifie une révision de la rubrique RPS concernée.
Toute mise à jour substantielle du DUERP fait l'objet d'une consultation du CSE. Les élus examinent les nouveaux risques identifiés, les évaluations révisées, les actions programmées. Ce dialogue structure la co-construction de la prévention.
Préparez cette consultation en amont : transmettez le DUERP actualisé suffisamment tôt, organisez une présentation claire, prévoyez du temps pour les questions et débats. Les remarques du CSE peuvent enrichir l'analyse et renforcer la pertinence des actions retenues.
Cette consultation transforme le DUERP d'un document RH en outil partagé. Les élus s'approprient le contenu, peuvent suivre les engagements pris, alertent quand les délais ne sont pas tenus. Ils deviennent acteurs de la prévention, pas uniquement observateurs.
Le DUERP ne doit pas rester un document figé, consulté uniquement lors des contrôles. Mettez en place un suivi régulier des actions programmées : revue trimestrielle avec les responsables désignés, point en CSE sur l'avancement, communication auprès des équipes concernées.
Ce suivi permet d'ajuster rapidement ce qui bloque : une action impossible à réaliser dans les délais prévus, un budget insuffisant, une résistance inattendue. Il démontre également l'engagement de l'entreprise : les collaborateurs constatent que les risques identifiés donnent lieu à des actions concrètes, pas à des promesses oubliées.
Beaucoup d'entreprises téléchargent un modèle de DUERP sur internet et se contentent de compléter les cases. Résultat : des descriptions standardisées qui ne reflètent aucune réalité de terrain, des risques listés sans lien avec les situations réelles, des actions génériques inapplicables.
Un DUERP efficace est toujours spécifique. Il décrit votre organisation, vos métiers, vos process, vos tensions. Il s'appuie sur une analyse réelle, pas sur des hypothèses théoriques. Cet ancrage dans le réel conditionne toute la valeur du document.
"Risque de stress lié à la charge de travail" ne constitue pas une analyse suffisante. Quel service ? Quelle charge ? Combien de personnes ? Depuis quand ? Avec quelles conséquences observées ? Sans ces précisions, impossible d'agir efficacement.
Chaque risque décrit doit permettre de comprendre la situation, d'identifier les causes, de cibler les leviers d'action. Cette exigence de précision impose une vraie analyse préalable, pas un remplissage administratif rapide.
Certains DUERP listent les risques sans jamais mentionner les actions de prévention. Cette approche rend le document inutile. L'évaluation des risques ne sert que si elle débouche sur des mesures concrètes pour les réduire.
Pour chaque risque identifié, posez systématiquement la question : que fait-on pour le supprimer ou le réduire ? Si la réponse est "rien", c'est qu'il faut programmer une action. Si aucune action n'est possible, interrogez la pertinence de votre analyse : un risque qu'on ne peut jamais prévenir n'est probablement pas bien défini.
Un DUERP construit uniquement par la DRH, sans consulter les managers ni les collaborateurs, passe à côté de nombreuses réalités. Les personnes qui vivent les situations de travail détiennent des informations essentielles que la direction ignore souvent.
Impliquez les équipes dans l'analyse : questionnaires, entretiens, groupes de travail. Impliquez les managers dans l'identification des mesures de prévention : eux seuls savent ce qui est réaliste dans leur périmètre. Cette co-construction renforce la pertinence du DUERP et facilite la mise en œuvre des actions.
Intégrer les RPS dans le Document Unique exige une méthodologie claire, des outils de mesure fiables, une traçabilité des actions. Moha centralise ces dimensions dans une plateforme pensée pour les PME et ETI.
Les baromètres RPS permettent de mesurer les six facteurs de risque identifiés par l'INRS, par service et par catégorie professionnelle. Les résultats alimentent directement le DUERP, qui se construit et se met à jour dans la plateforme. Chaque risque identifié est lié aux actions de prévention programmées, avec suivi des échéances et des responsables.
Le PAPRIPACT se structure également dans l'outil, assurant la cohérence entre évaluation des risques (DUERP) et programme de prévention (PAPRIPACT). Les consultations du CSE se tracent, les mises à jour s'automatisent après chaque baromètre.
Le diagnostic santé-travail offert établit un état des lieux initial, identifie les facteurs de risque par unité de travail, et produit une première version structurée de la rubrique RPS du DUERP. L'approche reste simple, claire, conforme aux exigences réglementaires.
Intégrer les risques psychosociaux dans le Document Unique ne relève pas d'un exercice administratif complexe. Cela suppose de définir clairement le périmètre analysé, d'évaluer méthodiquement les facteurs de risque par unité de travail, de lier chaque risque à des mesures de prévention concrètes, et de mettre à jour régulièrement le document.
Un DUERP bien construit structure la prévention, facilite le dialogue social, assure la conformité réglementaire. Il transforme une obligation légale en outil de pilotage opérationnel, au service de la santé des collaborateurs et de la performance collective.
Un pilotage clair de la santé-travail réduit durablement les risques, améliore la performance et renforce la cohésion des équipes. Cela commence par un DUERP complet, précis, actionnable.
Le diagnostic santé-travail offert par Moha constitue une première étape concrète pour structurer la rubrique RPS de votre DUERP et construire un plan d'action efficace.
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