11/12/2025
Quels sont les 12 facteurs de risques psychosociaux (RPS) au travail ?
Les 12 facteurs de RPS au travail : grille opérationnelle pour analyser finement les risques psychosociaux et structurer des actions ciblées.

Un responsable RH reçoit un appel de la médecine du travail : trois collaborateurs d'un même service ont consulté pour troubles anxieux en deux mois. Personne n'avait rien vu venir. Pas de conflit déclaré, pas d'absentéisme inhabituel, aucun signalement. Pourtant, la situation s'est dégradée depuis des semaines.
La détection des risques psychosociaux reste le point aveugle de beaucoup d'entreprises. Les signaux existent, mais personne ne les repère. Les managers minimisent les tensions. Les collaborateurs n'osent pas alerter. Les indicateurs RH remontent trop tard, quand le mal est fait. Entre le moment où les premiers signes apparaissent et celui où l'organisation réagit, plusieurs mois s'écoulent, aggravant la situation.
Détecter les RPS ne relève pas de l'intuition ou de la chance. Cela suppose de connaître les signaux faibles, de structurer des dispositifs de veille, de former les managers à l'observation, de créer les conditions pour que la parole circule. Cet article explique comment construire un système de détection efficace des risques psychosociaux, avant qu'ils ne génèrent des conséquences graves.
Un collaborateur habituellement ponctuel arrive régulièrement en retard. Une personne enjouée devient silencieuse, repliée sur elle-même. Un salarié qui participait activement aux réunions ne prend plus la parole. Ces modifications comportementales constituent souvent les premiers signaux visibles d'une dégradation.
L'irritabilité inhabituelle, les réactions disproportionnées, les tensions avec des collègues habituellement appréciés signalent également une difficulté. Un collaborateur qui s'emporte pour des détails, qui interprète négativement chaque remarque, qui se braque systématiquement traverse probablement une période difficile.
L'isolement progressif représente un autre signal : quelqu'un qui ne participe plus aux pauses, qui déjeune seul alors qu'il partageait ses repas avec l'équipe, qui évite les moments informels. Cet évitement relationnel traduit souvent un épuisement émotionnel ou une perte de sens.
Les troubles du sommeil reviennent fréquemment dans les situations de RPS : difficultés d'endormissement, réveils nocturnes, fatigue persistante malgré le repos. Un collaborateur qui mentionne régulièrement ses insomnies, qui arrive épuisé le matin, qui multiplie les bâillements en réunion mérite une attention particulière.
Les troubles musculosquelettiques se développent ou s'aggravent : douleurs cervicales, lombalgies, tensions dans les épaules. Ces manifestations physiques accompagnent souvent le stress chronique, la charge mentale excessive, la posture figée devant l'écran pendant de longues heures sans pause.
Les problèmes de santé récurrents constituent également un indicateur : rhumes fréquents, troubles digestifs, maux de tête, vertiges. Un système immunitaire affaibli par le stress prolongé laisse passer davantage d'infections. Un collaborateur souvent malade peut être en train de s'épuiser.
La baisse de qualité du travail signale une difficulté. Un salarié habituellement rigoureux qui multiplie les erreurs, qui oublie des tâches importantes, qui livre des productions approximatives traverse probablement une surcharge cognitive ou un épuisement.
Le présentéisme constitue un signal paradoxal : quelqu'un qui reste très tard tous les soirs, qui ne prend plus ses congés, qui vient travailler même malade. Cette sur-implication masque souvent une difficulté à faire face à la charge, une impossibilité de déléguer, ou une fuite face à des problèmes personnels.
À l'inverse, le désengagement brutal interroge : un collaborateur autrefois impliqué qui applique strictement les horaires, qui refuse toute tâche hors périmètre, qui ne propose plus d'initiatives. Ce retrait traduit fréquemment une perte de sens, un sentiment d'injustice, ou un épuisement émotionnel.
La multiplication des conflits dans une équipe révèle généralement un dysfonctionnement organisationnel. Les échanges deviennent tendus, les réunions tournent au règlement de compte, les désaccords s'installent sur des sujets mineurs. Ces tensions masquent souvent des problèmes non traités : charge mal répartie, rôles flous, objectifs contradictoires.
L'effondrement de l'entraide constitue un signal fort. Dans une équipe saine, les collaborateurs se soutiennent mutuellement, se transmettent des informations, compensent les absences. Quand chacun se replie sur son périmètre, refuse d'aider les collègues, protège jalousement son territoire, c'est qu'un climat de défiance s'est installé.
Les rumeurs, les non-dits, les conversations qui s'interrompent brutalement quand un manager arrive signalent également une dégradation. Cette circulation souterraine d'informations traduit un manque de transparence, une perte de confiance dans la hiérarchie, ou des tensions non exprimées officiellement.
L'absentéisme qui augmente brutalement dans un service, alors que les autres restent stables, révèle un problème localisé. Cette hausse peut être concentrée sur quelques personnes (arrêts longs) ou diffuse (multiplications des arrêts courts). Les deux configurations signalent une difficulté à traiter.
Le turnover s'accélère : plusieurs départs rapprochés, des démissions de personnes performantes, des souhaits de mobilité interne multipliés. Les collaborateurs fuient un environnement devenu insupportable. Leurs départs fragilisent davantage l'équipe restante, qui doit absorber la charge supplémentaire.
Les accidents du travail, même bénins, se multiplient. La fatigue, le stress, la précipitation, le manque de concentration génèrent des erreurs, des chutes, des gestes mal assurés. Dans certains secteurs, l'augmentation des accidents constitue un indicateur précoce de RPS.
Les délais ne sont plus tenus. Les projets accumulent les retards. Les clients se plaignent de la qualité des livrables. Ces dysfonctionnements opérationnels résultent souvent d'une organisation sous tension : équipes réduites, charge excessive, process inadaptés, manque de coordination.
Les réunions deviennent inefficaces : elles s'allongent sans produire de décisions, les mêmes sujets reviennent en boucle, les participants décrochent, les arbitrages ne sont pas rendus. Cette paralysie décisionnelle traduit fréquemment des tensions larvées, des jeux de pouvoir, ou une absence de régulation managériale.
L'information circule mal. Les équipes découvrent des décisions par hasard. Les process changent sans explication. Les collaborateurs ne comprennent plus la stratégie. Ce défaut de communication génère incertitude, perte de sens, rumeurs, et alimente les RPS.
Les points individuels mensuels ou bimensuels avec chaque collaborateur constituent le premier dispositif de détection. Un manager attentif repère les signaux faibles : une fatigue inhabituelle, une baisse de motivation, des difficultés exprimées. Ces échanges créent un espace où la parole peut se libérer.
Pour être efficaces, ces entretiens ne doivent pas se limiter au suivi d'activité. Ils intègrent des questions sur la charge ressentie, les difficultés rencontrées, le soutien nécessaire, la qualité des relations dans l'équipe. Le manager adopte une posture d'écoute, pas uniquement de contrôle.
Ces points permettent également d'identifier précocement les situations à risque : un collaborateur qui cumule plusieurs projets sans visibilité sur les priorités, quelqu'un qui compense seul le départ d'un collègue non remplacé, une personne confrontée à des demandes contradictoires de plusieurs hiérarchies.
Au-delà des réunions opérationnelles, organiser régulièrement (trimestriellement par exemple) des temps collectifs sur les conditions de travail permet de détecter les tensions. Ces réunions explorent ce qui fonctionne bien, ce qui pose problème, ce qui pourrait être amélioré.
L'animation de ces temps doit favoriser l'expression de tous. Certaines techniques facilitent la parole : tour de table systématique, brainstorming en sous-groupes, questionnements écrits anonymes. L'objectif : que les signaux faibles remontent avant de devenir des problèmes majeurs.
Ces réunions créent également un espace de régulation collective. Les tensions peuvent s'exprimer dans un cadre sécurisé, les incompréhensions se clarifier, les process inadaptés se réajuster. Elles préviennent l'accumulation de non-dits qui finissent par exploser.
Déployer un baromètre RPS annuel ou semestriel permet de mesurer objectivement l'évolution des facteurs de risque. Ces questionnaires anonymes révèlent des situations invisibles lors des échanges directs : des collaborateurs n'osent pas exprimer leurs difficultés face à leur manager, mais répondent sincèrement à un questionnaire anonyme.
Les résultats, segmentés par service ou catégorie professionnelle, identifient les zones de fragilité. Un service qui décroche sur plusieurs indicateurs (surcharge, autonomie, soutien managérial) nécessite une analyse approfondie et des actions ciblées.
Le suivi dans le temps révèle les tendances : une dégradation progressive, une amélioration suite à des actions déployées, l'apparition de nouveaux risques. Cette vision dynamique structure un pilotage continu des RPS, pas uniquement une réaction ponctuelle.
Le médecin du travail et l'équipe de santé au travail détectent souvent précocement les RPS. Lors des visites médicales, les collaborateurs évoquent des difficultés qu'ils taisent en interne. Les médecins repèrent les signaux physiques et psychiques, orientent vers des accompagnements, alertent l'employeur en cas de situation grave.
Établir un dialogue régulier entre DRH et médecine du travail facilite la détection. Sans violer le secret médical, le médecin peut signaler des tendances : plusieurs personnes d'un même service consultent pour troubles du sommeil, plusieurs managers évoquent un épuisement, certaines populations expriment une perte de sens.
Ce partenariat structure une veille sanitaire efficace. La médecine du travail alerte sur les signaux individuels, la DRH analyse les dimensions organisationnelles, ensemble elles construisent des réponses préventives.
Beaucoup de managers ne détectent pas les RPS parce qu'ils ne savent pas quoi observer. Ils voient les résultats (retards, erreurs, absences) sans identifier les signaux précoces (fatigue, retrait, irritabilité). Une formation spécifique développe cette vigilance.
Cette formation présente les différents signaux faibles, individuels et collectifs. Elle apprend à distinguer une baisse de forme ponctuelle d'une dégradation installée. Elle donne des repères pour évaluer la gravité d'une situation et savoir quand alerter la DRH ou la médecine du travail.
Des mises en situation permettent de s'entraîner : comment réagir quand un collaborateur pleure en réunion, comment aborder quelqu'un qui semble épuisé, comment gérer des tensions dans l'équipe. Ces entraînements renforcent la capacité d'action des managers face aux situations difficiles.
Les managers doivent créer les conditions pour que les collaborateurs expriment leurs difficultés avant qu'elles ne deviennent critiques. Cela suppose une posture d'écoute, une disponibilité réelle, une absence de jugement.
Un manager qui minimise systématiquement ("C'est normal, c'est une période chargée"), qui culpabilise ("Les autres y arrivent bien"), ou qui se montre indisponible ("Pas le temps, on verra plus tard") bloque la remontée d'information. Les signaux restent invisibles jusqu'à l'effondrement.
À l'inverse, un manager qui interroge régulièrement sa charge d'équipe, qui demande explicitement si quelqu'un rencontre des difficultés, qui prend au sérieux les signaux faibles, qui ajuste rapidement la charge ou les moyens facilite la détection précoce et la prévention.
Les managers ne doivent pas rester seuls face aux situations de RPS. Ils ont besoin d'un appui RH pour analyser les situations complexes, orienter les collaborateurs vers les bons interlocuteurs (médecine du travail, assistante sociale, psychologue), décider des actions à déployer.
Ce soutien peut prendre plusieurs formes : cellule d'écoute RH joignable rapidement, référent santé-travail identifié, supervisions régulières entre managers pour partager les situations difficiles. L'essentiel : qu'un manager confronté à une situation qu'il ne sait pas gérer puisse demander de l'aide sans être jugé.
Cette accessibilité du soutien évite que les managers laissent pourrir des situations par peur d'avouer leurs difficultés ou par manque de solutions. Elle professionnalise la détection en la sortant du registre personnel pour l'inscrire dans un dispositif organisé.
Beaucoup d'organisations ne réagissent qu'aux signaux forts : arrêt longue durée, tentative de suicide, démission brutale, conflit ouvert, alerte de l'inspection du travail. À ce stade, les RPS sont installés depuis longtemps. Les actions deviennent réparatrices, pas préventives.
La détection efficace cible les signaux faibles : irritabilité inhabituelle, retrait progressif, baisse de qualité du travail, multiplication des tensions mineures. Ces signaux apparaissent des semaines ou des mois avant l'effondrement. Ils offrent une fenêtre d'intervention où des actions simples peuvent encore inverser la dynamique.
Cette vigilance sur les signaux faibles suppose une sensibilisation de tous les acteurs : managers, collègues, RH, représentants du personnel. Chacun doit savoir quoi observer et vers qui orienter ses préoccupations.
Face à un collaborateur en difficulté, la tentation est forte d'individualiser : "Il est fragile", "Elle vit des problèmes personnels", "Il ne supporte pas la pression". Cette lecture occulte les dimensions organisationnelles et empêche la détection des RPS collectifs.
Quand plusieurs personnes d'une même équipe développent des difficultés, le problème n'est pas individuel mais organisationnel. Charge excessive, management défaillant, tensions relationnelles, objectifs contradictoires : ces facteurs touchent l'ensemble de l'équipe, pas uniquement les personnes "fragiles".
La détection doit donc toujours questionner le contexte : qu'est-ce qui, dans l'organisation du travail, peut générer ces difficultés ? Cette lecture oriente vers les bonnes actions : modifier les conditions de travail, pas uniquement accompagner les individus.
Certains managers estiment qu'ils doivent rester discrets sur les difficultés de leurs collaborateurs. Cette confusion entre confidentialité et déni empêche la détection. Un manager qui observe des signaux préoccupants doit alerter la DRH ou la médecine du travail, pas garder l'information pour lui.
La confidentialité protège les données personnelles des salariés, elle n'interdit pas de signaler une situation à risque. Un manager peut dire à la DRH : "Un collaborateur de mon équipe montre des signes d'épuisement, je suis inquiet" sans détailler toute la vie privée de la personne.
Ce signalement permet à l'organisation de réagir : orienter le collaborateur vers la médecine du travail, analyser les conditions de travail, ajuster la charge, proposer un soutien. Sans cette remontée d'information, rien ne se passe, la situation se dégrade.
Les signaux de RPS remontent souvent par des canaux informels : un collègue qui s'inquiète pour un autre, un représentant du personnel qui recueille des confidences, une assistante qui observe des tensions. Ces remontées informelles sont précieuses, elles ne doivent pas être ignorées.
Une organisation qui n'écoute que les signalements officiels passe à côté de nombreuses situations. Elle doit créer des circuits où ces remontées informelles peuvent être traitées : référent harcèlement, cellule d'écoute RH, médecine du travail, assistante sociale. Ces acteurs reçoivent, analysent, orientent sans jugement.
Cette valorisation des remontées informelles transforme l'organisation en système de veille collective. Chacun devient attentif, chacun sait vers qui orienter ses préoccupations. La détection se démultiplie.
Détecter les risques psychosociaux exige des dispositifs organisés, des outils de mesure réguliers, une formation des acteurs. Moha accompagne cette démarche en proposant une plateforme pensée pour les PME et ETI.
Les baromètres RPS, déployés régulièrement, permettent de mesurer l'évolution des six facteurs de risque identifiés par l'INRS. Les résultats, segmentés par service ou catégorie, détectent les zones de fragilité avant qu'elles ne génèrent des situations critiques. Les formations proposées aux managers renforcent leur capacité à repérer les signaux faibles et à réagir de manière adaptée.
Moha propose également un accompagnement psychologique accessible aux collaborateurs en difficulté, permettant une intervention précoce. Le diagnostic santé-travail offert établit un état des lieux initial, identifie les facteurs de risque existants, et pose les bases d'un système de détection structuré. L'approche reste simple, claire, opérationnelle.
Détecter les risques psychosociaux ne relève pas de l'intuition. Cela suppose de connaître les signaux d'alerte individuels et collectifs, de structurer des dispositifs de veille réguliers, de former les managers à l'observation, de créer les conditions pour que la parole circule.
Une détection efficace cible les signaux faibles, questionne systématiquement les dimensions organisationnelles, valorise les remontées informelles, assure un soutien aux managers. Elle transforme les RPS d'invisibles en observables, de niés en traités, de subis en prévenus.
Un pilotage clair de la santé-travail réduit durablement les risques, améliore la performance et renforce la cohésion des équipes. Cela commence par une détection précoce, organisée, partagée.
Le diagnostic santé-travail offert par Moha constitue une première étape concrète pour structurer un système de détection des RPS dans votre organisation.
11/12/2025
Les 12 facteurs de RPS au travail : grille opérationnelle pour analyser finement les risques psychosociaux et structurer des actions ciblées.

11/12/2025
Principaux RPS au travail : stress chronique, burnout, harcèlement, violences, situations à risque. Définitions claires et leviers de prévention adaptés.

11/12/2025
Les 6 facteurs de RPS selon l'INRS : intensité du travail, exigences émotionnelles, autonomie, relations, valeurs, insécurité. Définitions et prévention.