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Droit à la déconnexion : tous égaux ?

Il est 10h. Le besoin de café se fait ressentir au bureau. Tout le monde ou presque se rejoint en salle de pause. Et là, Jean-Mi vous dit qu’il a reçu un message Slack hier à 18h30, en plein pendant le bain du petit. De quoi l’agacer toute la soirée, et même encore ce matin visiblement. Juste à côté, Catherine va bientôt partir en congé, et elle tient absolument à rester informée de tout ce qui se passe dans l’entreprise pendant ses vacances, sinon elle ne saura pas profiter.

Au final, vous vous dites que le droit à la déconnexion, c’est assez subjectif. Du coup, on fait comment pour appliquer une loi générale pour des individus aussi différents ?

À la base, que nous dit ce droit ?

On va la faire courte, vous savez sûrement déjà à quoi correspond le droit à la déconnexion. Du moins dans les grandes lignes. Tous les salariés ont le droit de déconnecter du travail. C’est-à-dire : ne pas devoir travailler en dehors de ses horaires, répondre à un mail ou à un appel, ou être sollicité de quelque manière que ce soit.

Cela vaut pour les congés payés, mais aussi le matin avant d’arriver, le soir après le travail, et le week-end.

Bref, on peut vous contacter pendant vos horaires de travail, un point c’est tout.

Merci la loi : en soi, ce droit est primordial dans une époque où l’hyperconnexion touche presque tout le monde. Maintenant, dans les faits, c’est forcément un peu différent…

Imaginons que votre collègue vous contacte à 19h en vous proposant de manger dehors le lendemain parce qu’il a la flemme de préparer une gamelle, est-ce qu’on parle encore de droit à la déconnexion ?

Un pas dans la vraie vie : idée vs réalité

Si tout était clair comme de l’eau de roche, on le saurait. Mais le sujet comporte tout de même quelques zones de flou. Alors une définition initiale, c’est très utile comme base, mais ça ne suffit pas totalement.

Quand la frontière pro/perso est floue

On a tous déjà parlé de notre job pour se présenter en rencontrant quelqu’un dans la vie personnelle. Et on a tous déjà discuté travail avec nos proches.

D’ailleurs, le travail fait partie du top 3 des sujets de conversations préférés des français (selon une étude dévoilée lors du 7e Festival des Conversations, 2019) !
Faites le test au prochain repas de famille ou au prochain verre entre amis : on vous met au défi de tenir le plus longtemps possible sans que le sujet soit évoqué autour de la table.

La preuve, s’il en fallait une, qu’il n’existe pas de frontière pro/perso totalement stricte et infranchissable. Le salarié que vous êtes reste la même personne en dehors du travail.

Et la limite du droit à la déconnexion est encore plus floue quand les collègues deviennent des amis. Vous faites peut-être partie des 81% des salariés qui pensent que le travail peut être à l'origine d'amitiés. Alors si vous vous parlez en dehors du bureau, c’est si grave d’évoquer le travail à un moment donné ? S’imposer des limites de ce genre serait plutôt contre-productif.

L’important, c’est simplement de respecter l’avis de chacun !

L’hyperconnexion complique l’application de ce droit

Les jeunes, vous êtes toujours sur vos écrans” : on a tous entendu cette phrase de papy Bernard ou de tante Huguette. Mais avec un peu de recul, il faut s’avouer qu’ils ne sont pas si loin de la réalité. L’hyperconnexion touche aujourd’hui bien plus que la génération Z ! L’adresse mail professionnelle connectée sur le smartphone personnel, le canal Slack de l’entreprise avec les notifications activées… Et la tentation de consulter un message dès qu’il apparaît sur notre écran.

Mais pourquoi est-ce qu’on reste autant connecté au travail ? Plusieurs cas de figures selon notre Manager du mieux-être, Ophélie Glachet :

- Le perfectionnisme : se déconnecter du travail peut être source de stress pour des personnalités qui ont du mal à lâcher prise et qui ont besoin de garder le contrôle.

- La culture d’entreprise : elle entre souvent en jeu. Vous connaissez sûrement quelqu’un dans votre entourage qui n’ose pas déconnecter du travail parce qu’il a peur des représailles. Beaucoup d’entreprises considèrent encore que répondre vite signifie être plus impliqué ou performant.

- La praticité : pouvoir lire ses mails en déplacement, checker les demandes des collègues pendant une réunion… Comme si manquer un message dans la seconde mettait en péril notre emploi (spoiler alert : non).

D’autant plus que certaines professions sont davantage touchées. Notamment les métiers créatifs, où le sentiment de connexion au travail est permanent. Pour cause, le cerveau n’arrête jamais de créer de nouvelles idées, même à 2h du matin pendant une insomnie. On pense également aux métiers qui impliquent beaucoup de responsabilités. Mention spéciale pour les cadres, qui sont 76% à indiquer utiliser les nouvelles technologies pour un usage professionnel sur leur temps personnel (selon le baromètre Ugit-CGT-Secafi, 2020).

Tous les points de vue se valent !

On l’a vu, ce droit donne une base non négligeable, mais chacun l’applique à sa manière. D’abord, les entreprises n’ont pas toutes la même vision des choses. Mais les salariés eux-mêmes ont chacun leur avis sur la question. Et tous les points de vue se valent, parce que chacun adapte ce droit individuel à sa propre perception. Camille préférera totalement couper toutes ses notifications dès qu’elle part du bureau. Guillaume laissera les notifications activées mais n’y répondra que s’il les juge urgentes. Et Léo restera connecté matin, midi, soir et week-end compris, sans trouver les notifications de son travail dérangeantes.

Le tout, c’est de veiller à ce que le choix de chaque salarié soit vraiment libre, et pas biaisé.

C’est là que le rôle de l’entreprise et du manager dans le respect de ce droit est crucial. Les collaborateurs ne doivent pas ressentir une certaine pression, même subtile, ou un certain privilège accordé à ceux qui ne se déconnectent jamais. Le risque : les collaborateurs souhaitant réellement profiter de ce droit se forceraient à répondre même le week-end pour être bien vus et paraître plus engagés. Mais le mal-être que cela engendrerait ne serait bon ni pour le salarié ni pour l’entreprise !

Nos conseils éclairés

Programmez vos envois !

Planifier un mail ou un message au lendemain évitera de déranger vos collaborateurs à n’importe quelle heure de la soirée. Et incitez tous les collègues à faire de même, pour que l’habitude soit ancrée pour tous 😉

✅ Invitez chacun à désactiver les notifications en dehors de leurs horaires de travail

Cultivez une culture d’entreprise saine pour que chacun ose exprimer ses besoins et ses limites

En bref

  • La vision stricte du droit à la déconnexion s’applique rarement sur le terrain
  • Chacun doit pouvoir appliquer son droit comme il l’entend, sans conséquences positives ou négatives
  • À l’entreprise de créer un cadre sain et de consulter les équipes

PS : Chez Moha, on peut vous y accompagner ! On vous aide à établir une charte de déconnexion. Découvrez notre offre !