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Harcèlement sexuel : impacts et solutions

Quelque soit le milieu professionnel, la taille de l’équipe ou le secteur, le harcèlement sexuel peut toucher n’importe quel collaborateur ou collaboratrice. Selon le baromètre IPSOS x Qualisocial de 2022, 1 salarié·e sur 3 (35%) déclare avoir déjà vécu une situation de harcèlement moral au travail. Sans surprise, ce sont d’ailleurs les femmes qui sont le plus touchées. Selon une étude de l’OIT, 52% des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel au travail, et 27% d’hommes. Des chiffres qui s’élèvent bien trop haut pour rester inactifs. Alors comment agir en tant qu’entreprise pour lutter contre ce phénomène ?

Hally, qui propose des solutions concrètes pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles, les harcèlements et discriminations, a co-écrit cet article avec nous pour vous apporter les ressources nécessaires.

Le harcèlement sexuel, qu'est-ce que c'est ?

Dans le code pénal, le harcèlement sexuel est défini comme “le fait d'imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.” Il peut s'agir notamment de gestes, propos, écrits, images ou vidéos à caractère sexuel, mais aussi de toute forme de pression grave, même non verbale, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle de la part de la victime, notamment lorsqu'il est lié à un abus d'autorité.

Les entreprises doivent mettre en place des actions de prévention et de sanction, car ce phénomène peut avoir de grosses conséquences, à la fois sur les personnes visées, mais également sur le collectif, les conditions de travail, et les performances. C’est donc un enjeu QVCT majeur pour chaque organisation.

Comment reconnaître le harcèlement sexuel en entreprise ?

Au travail, le harcèlement sexuel peut prendre diverses formes, selon l’IFOP (Observatoire européen du sexisme et du harcèlement sexuel au travail), on remarque notamment :

  • Sifflements, gestes ou commentaires grossiers, ou encore regards concupiscents et insistants.
  • Remarques gênantes sur la tenue ou le physique.
  • Propos obscène ou écrits à connotations sexuelles.
  • Se voir imposer des contacts physiques légers
  • Faire l’objet d’invitations compromettantes.
  • Se voir offrir des cadeaux gênants ou intrusifs
  • Pression afin d’obtenir un acte de nature sexuelle.

Attention, si une victime subit des gestes non consentis sur une zone sexuelle, on parlera d’agression sexuelle.

Quels sont les impacts du harcèlement sexuel sur la QVCT ?

Évidemment, le harcèlement sexuel au travail a des conséquences inévitables sur les personnes concernées, et plus globalement sur tout l’environnement de travail.

Des impacts néfastes sur la santé de l’individu

Les victimes de harcèlement sexuel au travail peuvent souffrir, entre autres, de :

  • Stress, anxiété et sentiment d’insécurité

Aussi, selon le baromètre sur sexisme ordinaire en entreprise 2023 (initative StopE et AFMD), “les conséquences du sexisme ordinaire sur la personne sont tangibles, en effet, face aux comportements sexistes au travail, une femme sur deux s’avère très affectée et a déjà ressenti un sentiment d’injustice, de colère ou d’humiliation.”

  • Perte de confiance en soi

Les victimes peuvent ressentir de la culpabilité et de la honte, et souffrir d’une névrose traumatique : retour en boucle de scènes traumatisantes ou humiliantes, pouvant affecter, à terme, l’estime de soi selon l’INRS.

  • Troubles du sommeil, fatigue chronique

Les femmes victimes de harcèlement sexuel sont plus susceptibles d'avoir de l'hypertension et des troubles du sommeil (Source : Jama Internal Medecine).

Des conséquences également sur le travail

Tous ces éléments concernant la santé des victimes impactent néanmoins bien plus que leur vie personnelle. Comme on le sait, un individu se sentant bien au travail est plus performant : l’inverse est encore plus vrai.

Une personne étant victime de harcèlement sexuel au travail sera plus susceptible d’être absente ou de quitter son poste. Sa productivité sera nécessairement impactée, ainsi que ses relations professionnelles.

De plus, les collègues étant témoins de ce genre de propos ou de gestes seront également impactés, et l’ambiance générale au travail sera elle aussi détériorée. D’ailleurs, “si les effets négatifs sont incontestables pour la cible visée par les actes sexistes, il est important d’insister sur le fait qu’être témoin/spectateur d’incidents sexistes génère également un stress particulier (bystander stress)” (source : Conseil supérieur pour l’égalité professionnel entre les femmes et les hommes, 2015).

Comment lutter contre le harcèlement sexuel au travail ?

Connaissant les impacts néfastes sur la santé de vos collaborateurs et de votre entreprise, autant tout faire pour les éviter. Pour cela, vous pouvez mettre en place plusieurs actions de prévention et de solutions.

Mettre en place une politique de prévention claire et visible

Pour orienter votre démarche de prévention, vous pouvez vous poser plusieurs questions essentielles. On vous donne une checklist à suivre :

- Ai-je des référent·es désigné·es pour organiser la prévention, être des relais ?

Depuis 2019, il est obligatoire de nommer une personne référente au sein de son CSE, et d’en désigner une deuxième dans les entreprises de plus de 250 salarié·es.

- Est-ce que j'ai déjà communiqué leur nom, leur rôle ?

- Est-ce que ces personnes ont été formées ?

- Ai-je un process clair à suivre en cas de remontée de comportements problématiques ?  

- Ai-je des personnes formées ou des juristes (internes ou externes) à solliciter en cas de procédure d'enquête ?

- Ai-je déjà communiqué sur ces sujets, au-delà du règlement intérieur et de l'affichage obligatoires ?

Préparer une réponse à chacune de ces questions, et surtout combler les manques, vous permettra déjà de poser les premières bases et de mieux vous préparer en cas de harcèlement sexuel au sein de votre entreprise.

Former et sensibiliser les salariés

Vous pouvez vous reposer sur les dates clés du 8 mars ou 25 novembre, mais organiser des temps tout au long de l'année. Cela peut être intégré dans les plans formation des équipes RH, notamment pour les personnes en position de management. Si vous bénéficiez d'OPCO, vous pouvez demander une prise en charge lorsque vous faites appel à une structure certifiée Qualiopi au titre des actions de formation.

En présentiel, en visio, de façon participative pour garantir un impact, ou avec un outil ludique si vous ne prévoyez pas de les rendre obligatoire pour motiver les troupes (jeu vidéo, format fresque, théâtre...)...

Nous vous conseillons d’adapter chaque format de formation selon les publics, et donc les responsabilités :

- Direction & RH : connaître les obligations employeur, savoir comment traiter une situation, comment la sanctionner.

- Managers : savoir comment réagir dans son équipe, en parler à l'arrivée d'une nouvelle personne, être alerte aux signaux faibles.

- Salarié·es : connaître les limites, savoir à qui en parler et comment réagir en tant que témoin.

Favoriser un climat de travail respectueux et bienveillant

N’hésitez pas à faire des touches de rappel, à responsabiliser chacun et chacune, et notamment les personnes avec le plus d’ancienneté, les managers et la direction, et d’avoir une certaine vigilance lors des soirées d'entreprises, séminaires et afterworks. Vous pouvez compléter cela avec des temps de sensibilisation complémentaires sur des sujets comme le harcèlement de rue, l'égalité femmes/hommes, les LGBTQphobies ou encore les violences conjugales.

Prévoir les actions à mettre en place en cas de harcèlement sexuel

Malgré vos actions de prévention, il vaut mieux se préparer au cas où cela arrive, car malheureusement aucun espace de travail ne peut éviter 100% des comportements problématiques. Pour cela, anticipez la manière dont vous accompagnerez les victimes, mais aussi dont vous sanctionnez les personnes à l’origine du problème.

Pour accompagner les victimes :

  • Mettre en place des procédures de signalement et de prise en charge avec des personnes formées
  • Garantir la confidentialité des échanges et la sécurité des victimes notamment lors des premières remontées  
  • Avoir une équipe ou des personnes dédiées (référent·es, RH ou psychologues en interne) - ou bien une ligne d'écoute externe, ou privilégier une redirection vers des assos ou des professionnel·les pour l’accompagnement psychologique.


Pour sanctionner les personnes à l’origine du harcèlement :

  • Déclencher une enquête interne dès qu'on ne peut pas exclure le harcèlement lors de la lecture d'une remontée. C'est obligatoire et l'employeur peut être condamné à des dommages intérêts au prud'homme en cas de non-respect, voire au pénal en cas d'impact important sur la personne victime.
  • Donner des sanctions disciplinaires proportionnées, qui sont indiquées notamment via la jurisprudence, et se faire accompagner pour prévoir une grille de sanctions.
  • Informer les personnes signalantes sur leurs droits au pénal et les rediriger vers les ressources clés.

Un phénomène à considérer impérativement en entreprise

Le harcèlement sexuel au travail est donc une affaire de tous, et non seulement de RH ou de dirigeants., Votre rôle est de veiller à ce que tout soit mis en place pour l’éviter ou réagir en cas de problème. Mettre en place une culture de solidarité et d’entraide au sein de vos équipes est également important, afin de faire prendre conscience à chacune et chacun son rôle dans la lutte contre les inégalités.

Pour une démarche efficace contre le harcèlement sexuel, vous pouvez faire appel à des dispositifs externes pour vous aider. Hally propose des solutions d’audit sur les dispositifs de signalement et d’accompagnement, des ateliers de sensibilisation et de formation pour vos équipes, ainsi qu’un accompagnement dans la mise en place de projets personnalisés, tels que l’élaboration de documents internes ou de guides. Découvrez-en plus sur Hally ici.

Et pour gérer votre stratégie QVCT dans l’ensemble, afin de veiller à l’inclusion et à l’égalité, mais aussi prendre soin de la santé de vos collaborateurs et de leurs conditions de travail, Moha vous accompagne de A à Z grâce à un diagnostic, un plan d’action personnalisé et une plateforme de centralisation de votre démarche. Découvrez notre accompagnement QVCT ici.

Pour aller plus loin, découvrez ces ressources et associations :

- AVFT : L'Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail https://www.avft.org/2003/08/29/lettre-de-protestation-de-lavft-a-la-realisatrice-du-documentaire-harcelement-sexuel-quand-la-drague-derape/,

- Défenseur des droits : Institution publique indépendante française qui défend les droits et libertés des citoyens, lutte contre les discriminations et surveille le respect des droits des usagers des services publics. https://www.defenseurdesdroits.fr/,

- Arrêtons les violences (peuvent être sollicité·es sur le harcèlement moral et les discriminations) : Cette plateforme vise à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Elle propose des informations, des ressources et un accompagnement pour les personnes victimes de ces formes de violence. Cette plateforme offre également des outils pour sensibiliser le public et prévenir ces comportements. https://arretonslesviolences.gouv.fr/,

- CFCV : La CFVC, ou Collectif Féministe Contre le Viol, est une organisation militante française. Son objectif principal est de lutter contre les violences sexuelles faites aux femmes, ainsi que pour la reconnaissance des droits des victimes et la prévention de ces violences. https://cfcv.asso.fr/,

- Droits d’urgence : Lutte contre l'exclusion en favorisant l'accès au droit des plus démuni·es. https://www.droitsdurgence.org/,